Reçue hier à la bibliothèque du musée Arbaud à AIX, j'ai pu le consulter et l'admirer.
Merci à M Poggio de Digne qui m'en a révélé l'existence, et au personnel du musée qui malgré les travaux en cours m'a permis de voir et comprendre le pourquoi de ce livre.
Dans le rapport de 1933 du conservateur M Raimbault du Musée Arbaud, on trouve en page 19:
"... un livre d'arithmétique fait par Joseph Decoup, de Lambesc, en 1728 et signé de Castillon son maître.
Ce dernier volume me permet de rappeler ici la nature de ce genre d'ouvrages que l'on rencontre souvent dans les archives publiques et privées (nous en possédons quatre) et que l'on prend pour de simples cahiers de devoirs que l'on s'étonne toutefois de trouver parfois si artistiquement décorés et si richement reliés. C'est à un vieux paysan qui fut le lauréat de notre prix Chambaud, Albéric Estournel, ... possesseur du livre d'arithmétique de son arrière grand père, que je dois de savoir à quoi correspondaient ces manuscrits. A cette époque, lorsqu'un maître d'école jugeait qu'un de ses élèves avait une instruction suffisante, il lui faisait rédiger un livre d'arithmétique soigneusement calligraphié, orné de figures géométriques et de traits de plume, enluminé, si possible, et ce livre une fois approuvé et signé par le maître, devenait pour l'enfant l'équivalent de l'actuel certificat d'études. Il me parait bon de noter cette tradition dont nul sans cela n'aurait bientôt plus notion."
Ecrit sur papier portant le filigrane raisin de dimensions approximatives demi-raisin (50 x 32,5 cm), le "Livre d'arithmétique appartenant à Maurin Marius, de Lascours, de l'année 1834 Elève de M Lazare Tremellat"
Don de Mme Veuve Degrange ( indiqué sur le volume)
Il a été terminé le 12 décembre 1834.
Il comprend 144 pages y compris "la table des règles contenues dans ce livre" ( chiffres romains, l'addition, soustraction, multiplication, table de Pythagore, division, fractions... Règles des parties aliquotes, d'intérêts, testamentaire...)
Les anciennes unités de mesures sont encore présentes, cotoyant les nouvelles, la révolution n'est pas si loin, on apprend à substituer!
Des exercices pratiques (propositions) sont suivis de questions et opérations, révélant les préoccupations de l'époque. Le kilogramme d'abricot coûte 4 centimes.
Pour les cadres des feuilles, les dessins ou les titres, plusieurs couleurs sont utilisées: rouge vert, jaune, marron, violet.
Il débute par un avant-propos avec dessin de pensées, d'un oiseau et de deux branchages fleuris :
"Je commence mon livre, Au nom du père et du fils et du Saint Esprit, je prie la très sainte trinité de Bénir mon ouvrage et de me faire la grace d'en tirer les plus grand avantage que ce soit aussi par sa plus Grande Gloire et qu'en Bénissant le commencement de mon ouvrage Elle daigne couronner la fin que j'attends avec le secours de la divine providence de voir en parfaite Sancté
Ainsi-soit-il "
Orthographe respectée.
Qui étaient les personnes à l'origine de ce livre?
1/
Lazare Olimpe Tremellat :
Né le 27 frimaire an 10 17 10 1801 à Roquevaire de
Antoine (ménager sachant signer) et Marie Anne Sardou ou Sarde, tous 2 de
Roquevaire.
Il semble être le 3ème d’une fratrie de 6
enfants, le dernier étant aussi un garçon (agriculteur). Tous se sont mariés,
les garçons signent.
Lazare semble débuter à Roquevaire sa carrière
d’instituteur en 1830.
Il se marie en 1834 avec Marie Elisabeth Pons tailleuse
d’Aubagne de 9 ans sa cadette.
Ils auront en 1835 Louis Frédéric qui décède en 1837.
En 1835 il est le second instituteur communal de
Roquevaire et a son logement personnel.
Mai 1836 budget prévisionnel : Lazare est désigné
seul instituteur communal.
Il décède le 17 janvier 1839 à son domicile quartier du
Rolan Roquevaire.
Sa veuve lui survit et ne se remarie pas (+ 7 3 1886).
L’école à
Roquevaire
19 Septembre 1833 : obligation pour la commune (3218
habitants) d’entretenir au moins une école primaire , prévision des
dépenses: location d’un local, salaire de l’instituteur…
Signatures en 1834 de Lazare (32 ans) et de son père
Antoine (70 ans)
2/
Marius Maurin
Seul possible dans les tables décennales
me semble-t-il.
Pierre Marius Maurin né le 2 juin 1821 à
Roquevaire sans lieu précis
fils de Jean Baptiste né en 1789 et + en
1864 à Lascours,
4ème fils d’une fratrie de 7
dont il restera 2 fils survivants en 1840, ainsi qu’une fille (1830-1906)
Au moment de la naissance de Pierre « Marius »
(second du prénom dans la fratrie, le premier étant +, d’où peut être le choix
du second prénom) le père est propriétaire et voiturier.
Donc capable de payer l'école pour ses 3
fils.
L’ainé Lazare (1812-1854) deviendra
laboureur puis voiturier sait signer en 1846
Le second Fortuné (1818-1840) meurt à 21
ans caporal d’infanterie légère d’Afrique.
De Lascours à Roquevaire où se trouve
l’école 3 km, école qui était « libre » en 1834
Marius aurait pu habiter chez Lazare
Tremellat, mais improbable.
Marius s'installera à Meyrargues, deviendra menuisier, aura 7 enfants de 2 épouses.
https://gw.geneanet.org/acalba06?lang=fr&p=pierre+marius&n=maurin&oc=1
Livre arithmétique côte MF220
http://academiedaix.fr/ZMUS/
Musée privé Arbaud actuellement en travaux.
2017-12 ACC
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