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mercredi 22 avril 2015

Lavoirs à Roquevaire



Les LAVOIRS SAINT ANNE de ROQUEVAIRE

Ils sont deux côte à côte à occuper le lieu
à l'entrée du bourg où, du goulet malicieux,
au bord des berges mues en arches audacieuses,
s'écoule leur Huveaune à l'humeur capricieuse.

Ils sont deux côte à côte à régner sur le lieu,
en s'observant du coin pour rester mélodieux.
Chacun va composer une ode délicieuse
de leur eau nous berçant en notes gracieuses.

Ils sont deux côte à côte à s'imposer au lieu,
à verser leur débit, en partage précieux,
aux servantes de l'eau, ferventes, élogieuses,
agenouillées le jour aux tâches laborieuses.

Ils sont deux côte à côte à vivre dans ce lieu,
à réguler leur don pour combattre l'envieux
de la source sortie d'entrailles silencieuses,
du fleuve suintant des flancs en mystérieuse.

Daniel GLIZE

Il est rare pour un village provençal de moins de trois mille âmes de disposer de deux lavoirs à la fin du XIXème siècle. Le lieu et les circonstances ont amené cette richesse.
            La source de Sainte-Anne, venant des écoulements caverneux du piton rocheux triangulaire le surplombant et du Marseillais, sans doute, a toujours coulé pérenne dans un débit très moyen. Au delà de la fluctuation de son écoulement saisonnier, elle n'a pas pu assouvir la demande de la population au moment où celle-ci augmenta significativement avec le travail grossissant dans la vallée de l'Huveaune (usines de plâtre, de poterie, de papier, etc...). La conjoncture des inondations fréquentes au coeur du village fait faire au maire de l'époque, monsieur Pierre Jean Baptiste Négrel-Féraud, des travaux gigantesques, en dérivant le lit de l'Huveaune pour éviter son débordement (il suivait avant 1822 quasiment la route RN actuelle en longeant, en bordant les habitations, dont celle du maire). Des « murailles » furent dressées de part et d'autres des berges pour répondre à cette attente et un « no man's land », le Cours, s'interposa entre les habitations et leur « intrépide » fleuve. Dans la foulée des modifications du paysage du centre ville – abattement d'habitations anciennes pour percer une nouvelle route, construction du pont Rolland (1840) pour qu'elle enjambe le fleuve -, les lavoirs naquirent alors dans le dernier quart du XIXème siècle, avec l'appui financier de l'état français (participation pour un tiers des travaux par la volonté nationale d'enrayer les fléaux, en encourageant toutes les mairies de France à améliorer l'hygiène de la population). L'eau était devenue un enjeu de salubrité publique.
            Les lavoirs jouèrent pleinement ce rôle jusqu'à l'arrivée de l'eau potable dans chaque maison. Ils servent encore de nos jours à quelques nostalgiques ou nécessiteux.
Fait le 20 avril 2015, Daniel Glize

collection B. Vert: Les lavoirs Ste Anne
Le lavoir de gauche est alimenté par l'eau de l'Huveaune, celui de droite par une source dont l'eau est à température constante, hiver ou été. ( information C Ollivier

photo ACC 2014-05
ACC réactualisation 2016-05

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